Le Festival de Khan? Célébration du Cinéma Indien ou de Bollywood?

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Bombay Talkies

On nous l’annonce comme l’évènement de l’année; que dis-je, du siècle, puisque l’on fête le centenaire du cinéma indien!

 Peu facile d’y échapper tant les médias regorgent d’articles et de reportages pour couvrir l’évènement. Bien sûr, le Festival de Cannes n’a pas voulu être en reste et l’on clame un peu partout que la Croisette brillera comme un sari de jeune mariée du 15 ay 26 mai 2013.

 Mais n’en fait-on pas un peu trop? Le tapis rouge n’est-il pas un peu trop petit pour honorer tout le 7ème art du Sous-continent?

Dans notre pays où Devdas et Satyajit Ray sont plus ou moins les uniques références en matière de cinéma indien, où les seuls films diffusés à la télévision sont La Cité de la Joie, Bride and Prejudice et Slumdog millionnaire, ( trois films qui sont à peu près au cinéma indien ce que le Yop à la fraise est au lassi), va-t-on enfin pouvoir faire changer nos goûts cinématographiques nourris par la mamelle hollywoodienne et les biberons de l’équipe du Splendid? Dans un pays où les DVD Kollywood et Bollywood circulent sous le manteau et où l’unique possibilité de voir l’un de ces films sur grand écran est de traverser tout Paris le mardi à 21h14 pour se rendre à Gaumont Saint-Denis, peut-on enfin, en 2013, caresser l’espoir fou de voir le dernier Adoor Gopalakrishnan dans un UGC du boulevard Saint Germain ou de se faire une soirée Dabaang sur TF1 le dimanche soir???

 Permettez-moi d’en douter. Permettez-moi de lancer un pavé dans le lac d’Udaipur!

Cannes rend hommage au cinéma indien, ne cesse-t-on de nous répéter! Cela changera-t-il quelque chose à la situation? N’avons-nous pas trop souvent tendance à résumer le cinéma indien à l’industrie lourde de Bombay?

Alors, d’accord, soit, je veux bien faire un effort et me pencher, sans tomber, pour voir ce que le programme du festival nous réserve cette année et si l’Inde sera bien représentée comme on le prétend…

Great Bachchan

Great Bachchan! (à gauche)

Jetons un oeil sur la liste des films en compétitions: Polanski, les frère Cohen, Desplechin, François Ozon… toujours les mêmes! Ah! Il y a bien sûr The Great Gadsby, film de Baz Lurhmann avec Leonardo de Caprio et, et, et Amitabh Bachchan! Youpi! Et enfin, ben, pas vraiment Youpi; car Big B, dans ce film, nous gratifie simplement d’une sorte de cameo pour lequel il semblerait qu’il n’ait même pas demandé à être payé. Pour l’un des plus grands acteurs indiens du siècle, cela fait un peu léger!

Ensuite, les films « Un certain regard » (comme c’est bien dit!), mais il est certain que le regard ne se portera pas ici sur une oeuvre indienne puisqu’aucune ne figure dans la liste. J’ai bien eu une hésitation sur le nom Rethy Panh, ben, heu, non, c’est un cambodgien!

 Ensuite, parmi les classiques qui seront projetés, au milieu des Sueurs Froides d’Hitchcock et autres Parapluies de Cherbourg, nous aurons droit à un Satyajit Ray (ça f’sait longtemps, n’est-ce pas?), Charulata… Tagore, Chatterjee… et toute la clique!

 « Les Séances de Minuit » sauvent l’honneur! (faut quand même vouloir voir un film à minuit, hein!) puisqu’Amit Kumar présentera son premier film Monsoon Shootout!

Enfin, l’espoir renait encore un peu puisque la « Quinzaine des Réalisateurs » accueillera Ugly, le nouveau film d’Anurag Kashyap, (que le public connaît surtout pour Gangs of Wasseypur), et la « Semaine de la Critique » permettra au public cannois de voir Dabba et de plonger dans l’univers mystérieux de la distribution des lunchboxes indiennes. (film co-produit, entre nous soit dit, par le sus-nommé Kashyap et dont l’acteur principal n’est autre qu’Imran Khan, neveu d’Aamir et déjà au générique de Bombay Talkies, film dont je parle plus bas, j’espère que vous suivez!)

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(*le Khan se porte sans poils, cette année…)

Enfin, la « séance de Gala » mettra à l’honneur le cinéma indien avec le fameux film dont on nous rabat les oreilles depuis des semaines, j’ai nommé Bombay Talkies, extra-terrestre fabriqué pour l’occasion par des réalisateurs rénommés, (Anurag Kashyap, encore lui, décidément!, Zoya Akhtar, Dibakaar Banerjee et Karan Johar) et où se sont croisés des acteurs, eux aussi renommés tels que Madhuri Dixit, Sridevi, Akshay Kumar, la bande des Kapoor, (Kareena, Karisma, Ranbir, Anil…) la bande des Khan* (Sharukh, Aamir, le neveu Imran, Saif, mais pas Salman qui boude, comme d’hab’.) Donc je pose la question: cette série de courts métrages tournés par des réalisateurs Bollywood et joués par des acteurs Bollywood suffira-t-elle pour résumer 100 ans de cinéma indien? Laissez-moi rire! (AH AH AH!) Non, je ne me permettrais pas de critiquer un film que je n’ai pas vu, mais simplement, je ris, J’AI LE DROIT, NON?

Parce qu’admettons, d’accord admettons qu’on ait décidé de résumer le cinéma indien à l’industrie Bollywood, et que le reste, (Kollywood, Tollywood, Malluwood et tout autre cinéma des quatre coins de l’Inde) soit rencardé à l’orphelinat des films « dont tout le monde se fout », mais dans ce cas, n’avait-on pas autre chose à montrer comme film, qu’une poignée de sketchs publicitaires surfaits exhibant  tout le gratin snobinard de Bombay, comme si leur unique objectif était d’aller boire du champagne et de parader en pingouins dans le Sud de la France? Où est le cinéma? Où sont les films?

Ash, Freida, Sonam: parce qu'elles le valent bien...

Ash, Freida, Sonam: parce qu’elles le valent bien…enfin, c’est elles qui le disent!

Côté délégation, outre la présence des personnes sus-citées, on annonce l’arrivée en grande pompe des Trois Grâces de chez L’Oréal, j’ai nommé Ashwarya Ray Bachchan, qui en sEra à son 14ème tapis rouge cannois (et qui n’a pas sorti de films depuis 2010, j’dis ça, j’dis rien…), la jolie Sonam Kapoor (fille d’Anil Kapoor), qui fait l’objet d’un reportage français sur la vie trépidante d’une actrice Bollywood, d’où sa présence un peu inattendue, et Freida Pinto qui est, cinématographiquement parlant, à peu près aussi indienne que le Poulet Tikka-Massala mais tellement belle et une habituée, elle aussi, de la carpette cramoisie (mouais, je voulais changer de « tapis rouge » mais ça l’fait pas, je crois…)

Vidya Balan

Vidya Balan

Pourtant, je laisse quelques instants mon petit ton moqueur, qui, je le sens, commence à vous agacer, de côté, pour parler de quelque chose de véritablement crédible et notable lors de ce festival: la présence de Vidya Balan parmi les membres du jury! Car voilà enfin une vraie actrice, le vrai trésor rapporté des Indes pour le public cannois, cette comédienne que le monde entier mériterait de connaître, à moins que cela ne soit l’inverse, et qui n’a besoin ni de strass ni de maquillage L’Oréal pour briller et faire briller le cinéma indien…et pas seulement le cinéma Bollywood !

 Allez, on se quitte en chanson?

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3 réflexions sur “Le Festival de Khan? Célébration du Cinéma Indien ou de Bollywood?

  1. Wouah ! Très remontée tu es Marilay !
    Il faut bien admettre que le cinéma indien ne peut se résumer à Bollywood, qui, même s’il influence la société indienne tous les jours, est très formaté sur un modèle rigide que d’autres cinémas indiens cassent allègrement.
    Mon impression est que les circonstances et le timing ont certainement conduit les « marketeux » du festival de Cannes à ficeler à la va-comme-je-te-pousse une vague allusion au cinéma indien pour rajouter des couleurs à un festival qui en manque à force de se scléroser de plus en plus dans son autopromotion.

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    • Hello!
      Merci pour ton com!
      Je suis bien d’accord avec ton impression! Ca va être la grosse Bollywood party « marketing » à Cannes, mais on n’aura même pas trouvé un vrai bon film indien (de Bombay ou d’ailleurs!) à mettre en avant.
      Bonne journée!

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      • Plus qu’une chose à faire : venir en Inde et s’installer confortablement dans des cinémas pour se rassasier de films indiens.
        Avec 42 °c à l’ombre à Delhi en ce moment, c’est la seule chose à faire de toute façon.

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